Le communautaire et sa charge mentale — Centre St-Pierre

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Le milieu communautaire porte-t-il la charge mentale de la société ?

Par Marie-Eve Leblanc, formatrice
Publié le jeudi 23 octobre 2025

La charge mentale ne concerne pas que la vie domestique. Dans le milieu communautaire, elle s’invite au quotidien de milliers de travailleuses et travailleurs sociaux qui se dévouent pour répondre aux besoins d’une société fragilisée. Quand l’État se retire, c’est souvent le secteur communautaire qui prend le relais… jusqu’à l’épuisement.

Du caritatif à la responsabilité communautaire

Autrefois, les plus vulnérables étaient confiés aux « bonnes œuvres » et aux congrégations religieuses. Aujourd’hui, ce sont les OSBL (et OBNL) qui assument cette responsabilité sociale.
Mais cette mission a un coût : la charge mentale de planifier, d’aider, de gérer des crises sans ressources suffisantes. Invisibilisé, ce travail essentiel repose sur des équipes passionnées mais souvent à bout de souffle, en quête de reconnaissance et de soutien.

Des communautés organisées face à un système épuisant

Depuis toujours, les communautés marginalisées créent leurs propres solutions : banques alimentaires, maisons d’hébergement, centres d’écoute, programmes de formation et d’entraide.
Mais derrière chaque réussite se cachent des intervenantes et intervenants sociaux qui absorbent la détresse des autres, en plus de composer avec la leur.
Le manque de financement, la précarité d’emploi et la surcharge émotionnelle minent la santé psychologique du secteur.
Quand celles et ceux qui tiennent le filet social s’essoufflent, c’est tout l’équilibre collectif qui vacille.

La professionnalisation ne suffit pas

Le milieu communautaire s’est grandement professionnalisé : gestion, comptabilité, gouvernance, accompagnement stratégique… Les formations se multiplient pour soutenir les équipes.
Pourtant, malgré leurs compétences, les organismes sont encore perçus comme des structures « amatrices ».
On célèbre leur capacité à « faire beaucoup avec peu », un compliment qui masque une réalité dure : les ressources manquent.
La reconnaissance des impacts immatériels (l’appartenance, le soutien, la solidarité) reste marginale, alors qu’elle transforme profondément les vies.

Combler les failles du système

Les organismes communautaires comblent chaque jour les angles morts des politiques publiques.
Certains publics, certaines réalités, ne rentrent dans aucun programme.
Pendant que les grandes institutions choisissent des causes rentables, les OBNL continuent d’accompagner, de nourrir, d’écouter et de soutenir.
Ce travail invisible est pourtant le cœur battant de notre tissu social.

Alléger la charge mentale du milieu communautaire : cinq pistes d’action

  1. Encourager l’entraide collective : miser sur la solidarité plutôt que sur les services individuels.
  2. Créer des alliances : briser l’isolement organisationnel par des partenariats durables.
  3. Faire les deuils nécessaires : accepter de ne pas tout porter, de se recentrer sur l’essentiel.
  4. Repenser la culture du travail : valoriser le repos, la coopération et la bienveillance.
  5. Rendre visible l’impact réel : documenter et partager les réussites pour mieux faire comprendre la valeur du travail communautaire.

Des outils pour les organismes communautaires

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Des formations pour mieux prendre soin du collectif

Le Centre St-Pierre offre des formations et accompagnements destinés aux intervenants sociaux et aux organismes communautaires qui souhaitent renforcer leurs capacités, prévenir l’épuisement et raviver le sens de leur mission.
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