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Ensemble pour la guérison, la transmission et la réconciliation
Les peuples autochtones portent les traces de nombreux traumatismes collectifs (colonisation, déracinement, pensionnats, lois d’assimilation) qui ont fragilisé les liens fondamentaux : avec soi-même, avec la famille, avec la culture, la langue, le territoire. Mais malgré l’ampleur de ces blessures, nous constatons la force de la résilience autochtone, qui continue d’inspirer.
Cette résilience s’appuie sur des piliers invisibles aux yeux du monde occidental, mais bien vivants dans la mémoire et les pratiques autochtones : le cercle, la spiritualité, les rituels, le silence habité, l’écoute du vivant. Plutôt que d’aborder les problèmes uniquement à travers des diagnostics ou des interventions, on privilégie une vision globale, ancrée dans la relation. Le mal-être n’est pas isolé : il est tissé dans un tout, dans une histoire, une communauté, un lien brisé avec la Terre.
La guérison passe alors par la reconnexion : au territoire, aux ancêtres, aux valeurs fondamentales. Elle se manifeste dans un feu sacré qu’on rallume, un tambour qui bat au rythme du cœur, une cérémonie qui remet chacun à sa juste place. Cette approche n’est pas spectaculaire, mais elle est durable. Elle propose un chemin de lenteur, de profondeur, de retour vers soi à travers le nous.
La spiritualité comme force de guérison
Au cœur de cette vision se trouve une spiritualité incarnée. La spiritualité autochtone est profondément liée aux gestes du quotidien, à la gratitude envers les éléments, à la reconnaissance de la beauté simple. Elle enseigne que chaque être vivant porte une mémoire, un enseignement. Le rocher, l’arbre, l’animal, l’eau : tous sont considérés comme des parents, avec qui on est appelés à vivre en relation, et non en domination.
Cette spiritualité, loin d’être une idéologie, est d’abord une manière d’habiter le monde. Elle redonne un sens aux passages, aux deuils, aux épreuves. Dans un monde qui valorise la performance et l’oubli, il est parfois nécessaire de s’arrêter, de pleurer, de chanter, de remercier. C’est ainsi que renaît l’espoir.
Un organisme autochtone enraciné dans la tradition, tourné vers l’avenir
Kina8at, qui signifie « ensemble » en anicinapemowin (algonquin), a été fondé en 2013 par le chef héréditaire anicinape T8aminik Rankin et sa conjointe Marie-Josée Tardif. L’organisme est né d’un profond désir de guérison, de partage et de transmission culturelle. Ce lieu de rassemblement et d’enseignement culturel, situé en territoire laurentien, se veut une réponse vivante à l’appel de la réconciliation : entre les peuples, mais aussi à l’intérieur des cœurs, là où les blessures de l’histoire continuent de faire écho.
Un projet phare : le nouveau Centre culturel de Kina8at
C’est dans cet esprit que Kina8at développe actuellement un Centre culturel permanent, en pleine nature, sur le territoire de La Conception, dans les Laurentides. Ce Centre, conçu avec l’appui de plusieurs nations et partenaires, deviendra un lieu de ressourcement, de transmission et de guérison. Il accueillera des jeunes, des familles, des aînés, des intervenants, autochtones et allochtones, dans un esprit de réciprocité.
Ce projet incarne la conviction que la réconciliation ne peut se vivre que dans la rencontre. Une rencontre où chacun vient avec humilité, pour écouter, apprendre, désapprendre, se laisser toucher. Une rencontre où les traditions anciennes éclairent les chemins d’aujourd’hui, pour bâtir ensemble un avenir plus juste, plus enraciné, plus humain.
Pour aller plus loin, découvrez ces activités :
Exercice des couvertures Kairos avec Nicole O’Bomsawin (7 octobre 2025)
Anicinape : sensibilisation au monde autochtone avec T8aminik Rankin et Marie-Josée Tardif (6 mars 2026)